Blockchain : du projet scolaire au monde de l’entreprise
Cet article fait partie de la série "Formation Blockchain à l'EPF"
Comme je l’ai déjà évoqué dans un post précédent, le partenariat entre Talan et l’EPF m’a fait découvrir le rôle du formateur. Mais nous sommes allés plus loin, en proposant un projet sur le long terme à un groupe d’étudiants de 5ème année.
Des attentes qui se rejoignent
Avant le grand saut dans la vie active en passant par le stage de fin d’études, les étudiants doivent se confronter au monde de l’entreprise au travers d’un projet de 5 mois. Entre le projet scolaire et le projet réel, il s’agit là de mettre en pratique les connaissances acquises, mais aussi de découvrir les « vraies » méthodes de travail de l’entreprise.
Évidemment, ces attentes pédagogiques ne pouvaient que nous intéresser, puisque cela nous permet de nous frotter nous-mêmes aux problématiques soulevées par un projet blockchain tel que nous n’avons pas toujours le temps de mettre en place le reste du temps.
Pour cela, il nous fallait nous éloigner d’un projet trop scolaire, autrement dit « jetable », pour nous concentrer sur un sujet à même de mobiliser aussi bien nos équipes que les étudiants.
Le projet Share2Gether
Contrairement au TP de création d’un système de vote réalisé sur une journée tel que nous avons pu le mettre en place lors de la formation initiale, nous voulions un projet beaucoup plus complet et long terme. Et parce qu’utiliser une technologie comme la blockchain juste pour l’utiliser n’a pas vraiment de sens, il nous fallait imaginer un cas d’usage plausible.
C’est ainsi qu’est né le projet Share2Gether, visant à proposer une solution d’organisation d’événements, à l’image de ce que propose Meetup.com. En effet, lors de l’accueil de différents meetups dans nos locaux, nous avons été régulièrement confrontés au « no-show », autrement dit à des inscrits qui ne viennent pas à l’événement, sans prendre la peine de libérer leur place.
Si ce comportement est connu des organisateurs, il n’en est pas moins frustrant, soulevant notamment des problématiques de gâchis alimentaire lors la commande de buffet ou empêchant des personnes qui le souhaite réellement de venir et trouvant des événements notés complets à tort. Avec un absentéisme de 20 à 50 %, tous les types d’événements sont concernés, y compris les meetups orientés blockchain.
Au travers d’un système de réputation, et donc de bonus / malus, nous souhaitons encourager les inscrits à venir ou tout au moins à favoriser les désinscriptions pour donner une lecture claire à l’organisateur du nombre de participants.
Une organisation à imaginer
À partir de l’idée du produit, on imagine très vite une implémentation technique, les technologies à utiliser, etc. Mais encore faut-il faire passer ces idées aux étudiants et surtout leur donner envie de s’approprier le projet.
Convaincus des valeurs défendues par Talan Labs quant aux méthodes de travail (solidarité, amélioration continue, etc.), il était naturel d’en profiter pour transmettre les préceptes de l’agilité à l’équipe qui se formait tout juste.
Mais la méthode ne fait pas tout ! Lors de la première année du projet nous avons découvert au fur et à mesure que certaines notions fondamentales n’étaient pas abordées dans le cursus académique des étudiants. Design thinking, gestion du code source, tests automatisés, les sujets étaient nombreux et variés, et ont nécessité des formations ciblées en cours de projet, principalement à la demande des étudiants eux-mêmes.
De manière à anticiper ces questions lors de la deuxième année du projet, nous avons proposé aux étudiants de la promo 2020 de suivre ces formations dès le début. Évidement, de la théorie de « il faut écrire des tests » à la mise en pratique pendant le développement, il y a un pas important à franchir. Pour autant, l’idée même de l’aspect indispensable des tests était ancrée dès le commencement.
Une fois les bases acquises, la routine peut se mettre en place, rythmée par les réunions agiles. Tous les mercredis, les étudiants bénéficient d’une salle qui leur est réservée, mais peuvent facilement solliciter les collaborateurs Talan Labs présents sur les plateaux autour. C’est cette proximité qui permet aussi d’apercevoir le quotidien d’un développeur et la vie d’une équipe projet.
De la « galère » à la maîtrise
Ces deux années de projet ont partagé des caractéristiques, à commencer par une première période compliquée pour les étudiants. Des nouveaux langages, des technologies nouvelles, une méthode de travail à laquelle on n’est pas habitués … autant d’obstacles à surmonter.
C’est sûrement là la valeur principale que nous avons voulu transmettre : même en manquant de confiance en eux, même en doutant des enseignements de l’école, les étudiants sont capables de travailler « pour de vrai » et de créer de la valeur. En fin de projet, les retours des étudiants étaient sans équivoque :
Ils étaient heureux du résultat obtenu et quasiment étonnés d’avoir réussi à autant produire.
Avec le recul, nous pouvons dire que nous ne nous attendions pas à ce retour. Nous comptions former des étudiants en leur apportant des compétences nouvelles, mais ce qui a le plus fait la différence est bien la confiance transmise. Avant de maîtriser les nouvelles technologies comme la blockchain, l’ingénieur de demain doit avoir confiance en ses capacités (et notamment ses capacités à apprendre et découvrir).
Une présentation réussie … et le tour est joué !
Que serait un projet scolaire sans sa soutenance finale ? Il nous paraissait important de cultiver ces compétences oratoires au même titre que les compétences techniques, c’est pour cela que nous avons proposé aux étudiants plusieurs présentations « à blanc » de leur soutenance.
D’abord entre nous pour identifier les points attendus par l’école et les principaux messages à faire passer. Puis, face à quelques collègues qui n’ont pas suivi le projet dans ses détails, mais qui vont pouvoir identifier les messages trop survolés tandis que les designers vont se charger de conseiller sur le support en lui-même.
Nouveauté cette année comme nous avions du temps en fin de projet : une présentation à des Directeurs Talan. Notre DRH, notre Directrice de la Communication ou encore le Directeur Général de Talan Labs ont pu assister à la présentation des étudiants. Et quelle présentation ! Si l’ingénieur généraliste EPF a bien une force, c’est celle de savoir transmettre ses messages avec conviction et clarté, parfois même avec humour.
Forts de cette expérience qui était de leur propre aveu plus stressante que les présentations habituelles, les étudiants ont pu délivrer une soutenance finale de grande qualité à leurs professeurs et encadrants. Deux ans de suite j’ai eu le plaisir de voir les groupes encadrés réussir leur soutenance et montrer une joie non feinte en évoquant le travail fourni.
Une suite prometteuse
Entre les formations délivrées en 4e et 5e années (évoquées dans un post précédent) et le projet Share2Gether, l’investissement réalisé par Talan Labs est important, mais évidemment pas dénué d’intérêt. En montrant nos compétences et notre état d’esprit, en apportant de la confiance et des connaissances aux étudiants, nous souhaitions aussi leur donner envie de nous rejoindre.
C’est donc avec plaisir que nous comptons désormais dans nos rangs de nouveaux ingénieurs EPF (du stage de fin d’études au CDI). Et nous ne comptons pas nous arrêter là : les années à venir seront tout aussi chargées !
Retrouvez l’article présentant la formation Blockchain délivrée à l’EPF depuis 2018 et l’ensemble des articles sur le thème de la #blockchain !